• Peter Bien, "Kazantzakis. Politics of the spirit"
    Princeton, New Jersey, Princeton University Press 1989, pp. xvii-xxiv.

    CHRONOLOGIE *

    • 1883. Kazantzakis naît le 18 février, selon l`ancien calendrier, ou le 3 mars, d`après le nouveau, dans l`île de Crète encore territoire de l`Empire ottoman.

      Négociant en vins et produits agricoles,son père ,Michalis, est originaire du village de Varvari, où se trouve aujourd`hui le Musée Kazantzakis. Beaucoup plus tard, il va devenir l`un des modèles du capitaine Michalis, héros du roman La Liberté ou la Mort.
    • 1889. Les révolutionnaires crétois échouent à libérer l`île du joug turc. La famille Kazantzakis se réfugie pour six mois en Grèce.
    • 1897-1898. Nouvelle insurrection crétoise, cette fois couronnée de succès. Pour plus de sûreté, Nikos est envoyé à Naxos où il est inscrit dans une école tenue par des moines français. Ainsi va s`enraciner en lui l`amour de la langue française.
    • 1902. Après avoir terminé ses études secondaires à Héraklion, Kazantzakis part pour Athènes faire son droit.
    • 1906. Avant même d`avoir obtenu son diplôme, Kazantzakis publie un essai, "La Maladie du siècle", et un roman, "Le Serpent et le Lys". Il écrit en outre une pièce de théâtre, "Le Jour se lève".
    • 1907. "Le Jour se lève" reçoit un prix. Montée à Athènes, la pièce suscite de vives polémiques. Le jeune Kazantzakis est célèbre, en l`espace d`une nuit. Il commence une carrière de journaliste et est initié à la Franc-maçonnerie. En octobre, il commence des études de doctorat à Paris , où il mène de front carrière de journaliste et travail littéraire.
    • 1908. Ά Paris, il suit les cours d`Henri Bergson, lit Nietzsche et achève un roman, "La Liberté ou la Mort"".
    • 1909. Il termine sa thèse sur Nietzsche et écrit la pièce "Le Maître maçon" . De retour en Crète après avoir traversé l`Italie, il publie sa thèse, une tragédie en un acte, "Comédie" , et un essai, "La Science a-t-elle fait faillite?" En tant que président, à Héraklion, de la société Dionysos Solomos, cénacle qui plaide en faveur de l`adoption, dans les écoles, de la langue démotique parlée par le peuple, et de l`abandon de la langue savante (ou katharévoussa), Kazantzakis écrit un long manifeste sur la réforme linguistique. Le texte est publié dans une revue athénienne.
    • 1910. Son essai, intitulé "Pour nos jeunes" , salue Ion Dragoumis, « vulgariste » lui aussi, comme le prophète qui conduira la Grèce vers une gloire nouvelle. Il insiste sur la nécessité, pour le pays, de s`affranchir de sa soumission à la civilisation grecque antique. Kazantzakis vit à Athènes en concubinage avec une intellectuelle d`Héraklion, Galatia Alexiou . Il gagne son pain en traduisant des textes du français, de l`allemand, de l`anglais et du grec ancien. Il devient membre de l`Association éducative, qui constitue alors le plus puissant groupe de pression en faveur de la langue démotique.
    • 1911. Il épouse Galatia.
    • 1912. Il fait connaître la philosophie de Bergson aux intellectuels grecs, lors d`une longue conférence donnée aux membres de l`Association éducative et publiée ensuite dans le bulletin de l`Association.

      Lorsqu`éclate la Première Guerre Balkanique, il s`engage dans l`armée comme volontaire et il est nommé au Cabinet du premier ministre élefthérios Vénizélos.
    • 1914. En compagnie d`Anghélos Sikélianos , il voyage au mont Athos, où ils séjournent quarante jours dans différents monastères. Là, il lit Dante, Bouddha et les évangiles; avec Sikélianos, il rêve de fonder une nouvelle religion. Afin de gagner sa vie, il écrit des livres pour enfants, en collaboration avec Galatia.
    • 1915. Toujours en compagnie de Sikélianos, il voyage à travers la Grèce. Dans son Journal, il écrit : « Mes trois grands maîtres : Homère, Dante, Bergson ». Il effectue une retraite dans un monastère et achève un livre, dont aucune trace ne nous est parvenue, et qui avait sans doute pour sujet le mont Athos. Dans son Journal, il note : « Toute mon œuvre aura pour devise** et pour but : Como l`uom s`etterna » (ou : comment l`homme se rend éternel, citation de l`"Enfer" de Dante, XV. 85).

      Selon toute probabilité, il rédige alors la première version des pièces "Le Christ", "Ulysse" et "Nicéphore Phocas"
      . En octobre, afin de signer un contrat pour récolter du bois de construction au mont Athos, il se rend à Salonique, où il assiste au débarquement des troupes britanniques et françaises venues se battre sur le front d`Orient, durant la Première Guerre mondiale.

      Au cours de ce même mois, il lit Tolstoï, décide que la religion a plus d`importance que la littérature et jure de commencer "là où Tolstoï s`est arrêté".
    • 1917. En raison des besoins en charbon, même de piètre qualité, pendant la guerre, Kazantzakis engage un ouvrier du nom de Yorghis Zorbas et tente d`exploiter une mine de lignite dans le Péloponnèse. Cette expérience, combinée au projet de récolte de bois entrepris en 1915, sera beaucoup plus tard reprise et romancée dans "Alexis Zorba". En septembre il se rend en Suisse, où il est l`hôte de Yannis Stavridakis, consul de Grèce à Zurich.
    • 1918. Il effectue un pèlerinage en Suisse, "aux repaires de Nietzsche". Il noue une relation amoureuse avec une autre intellectuelle grecque, Elli Lambridi.
    • 1919. Le premier ministre élefthérios Vénizélos nomme Kazantzakis directeur général au ministère de l`Assistance publique, avec pour mission spéciale de rapatrier 150.000 Grecs du Caucase en proie aux persécutions des Bolcheviques. En juillet, il part avec son équipe, dont font également partie Stavridakis et Zorbas. En août, il se rend à Versailles pour rendre compte de sa mission à Vénizélos, qui participe aux négociations pour le Traité de Paix. Par la suite, Kazantzakis gagne la Macédoine et la Thrace afin de veiller à l`installation des réfugiés dans les villages de ces provinces. Il tirera parti de ces expériences beaucoup plus tard, dans le roman "Le Christ recrucifié".
    • 1920. Kazantzakis est bouleversé par l`assassinat de Ion Dragoumis le 31 juillet (selon l`ancien calendrier). Après la défaite du parti libéral de Vénizélos aux élections de novembre, il quitte le ministère de l`Assistance publique et part pour Paris.
    • 1921. Il voyage à travers l`Allemagne, et revient en Grèce en février.
    • 1922. L`avance sur un contrat passé avec un éditeur athénien pour une série de livres scolaires lui permet de quitter de nouveau la Grèce. Il séjourne à Vienne du 19 mai jusqu`à la fin août. Il souffre alors d`un eczéma au visage, que le docteur Wilhelm Stekel, dissident de l`école freudienne, appelle la "maladie des saints". Dans le climat décadent de la Vienne de l`après-guerre, il étudie les écritures bouddhistes et commence à écrire une pièce de théâtre sur la vie de Bouddha. Il étudie également Freud et esquisse le plan "d`Ascèse". En septembre, il se trouve à Berlin, où il apprend la défaite écrasante infligée aux Grecs par les Turcs, ladite "Catastrophe d`Asie mineure".

      Abandonnant ses anciennes convictions nationalistes, il se lie avec des révolutionnaires communistes . Il est influencé en particulier par Rahel Lipstein-Minc , et son cercle de jeunes femmes radicales. Il déchire son manuscrit de "Bouddha" à demi terminé, et le recommence sous une forme nouvelle. Il se met aussi à écrire Ascèse , qui constitue sa tentative pour concilier l`activisme du communisme avec la résignation du Bouddhisme. Rêvant de s`installer en Union soviétique , il prend des cours de russe.
    • 1923. La période de Vienne et de Berlin est bien documentée, grâce à d`innombrables lettres de Kazantzakis à Galatia , qui continue quant à elle de vivre à Athènes. Kazantzakis termine Ascèse en avril et se remet à travailler à son "Bouddha". En juin, il part en pèlerinage à Naumburg, ville natale de Nietzsche.
    • 1924. Il passe trois mois en Italie; il visite Pompéi, désormais l`un des symboles qui l`obsèdent. Il s`installe ensuite à Assise, termine son "Bouddha" et se met à étudier les enseignements de saint François, auxquels il restera fidèle toute sa vie. Peu après son retour à Athènes, il fait la connaissance d`Éléni Samiou. Rentré à Héraklion, il devient le maître à penser d`une cellule communiste composée de réfugiés mécontents et de vétérans de l`expédition d`Asie mineure. Il commence le plan de son "Odyssée" et rédige peut-être son "Banquet".
    • 1925. Ses activités politiques lui valent d`être arrêté, mais sa détention ne dure que vingt-quatre heures. Il écrit les Rhapsodies 1 à VI de son "Odyssée". Sa relation avec Éléni Samiou s`approfondit. En octobre, il part pour la Russie en tant que correspondant du quotidien athénien élefthéros Logos, qui publie ses impressions dans une série de longs articles.
    • 1926. Il divorce de Galatia, qui continuera sa carrière sous le nom de Kazantzaki même après s`être remariée. Il voyage en Palestine et à Chypre, comme correspondant de presse. En août, il se rend en Espagne afin d`y interviewer le dictateur Primo de Rivera; en octobre, il se trouve à Rome pour un entretien avec Mussolini. En novembre, il fait la connaissance de Pantélis Prévélakis, qui va devenir son disciple, son agent littéraire, son confident et son biographe.
    • 1927. Il visite l`égypte et le Sinaï, encore une fois en tant que correspondant de presse. En mai, il se retire à Égine afin d`y terminer son "Odyssée". Immédiatement après, il compose à la hâte des dizaines de rubriques destinés à une encyclopédie, afin d`assurer sa subsistance. Il recueille ensuite ses articles écrits lors de ses voyages pour le premier volume de "Taksidéondas (En Voyage)". La revue de Dimitris Glinos, "Anayennissis (Renaissance)" publie "Ascèse". Fin octobre, Kazantzakis repart pour la Russie, cette fois en tant qu`invité par le gouvernement soviétique, à l`occasion du dixième anniversaire de la Révolution. Il rencontre Henri Barbusse. Il prononce un discours belliqueux à un Banquet pour la Paix. En novembre, il fait la connaissance de Panaït Istrati, écrivain gréco-roumain alors très en vogue en France. Avec Istrati et d`autres compagnons, il parcourt le Caucase. Les deux amis se font le serment de partager une vie d`action politique et intellectuelle en Union soviétique. En décembre, Kazantzakis emmène Istrati à Athènes et le fait connaître au public grec par le biais d`un article dans le journal "Proïa".
    • 1928. Le 11 janvier, Kazantzakis et Istrati s`adressent à la foule réunie au théâtre Alhambra, et font l`éloge de l`expérience soviétique. Ce qui aboutit à une manifestation de rues. Kazantzakis et Glinos, organisateurs de la réunion, sont menacés de poursuites judiciaires et à Istrati, d`expulsion.

      Le mois d`avril voit Kazantzakis et Istrati de retour en Russie , à Kiev, où Kazantzakis écrit le scénario d`un film sur la Révolution russe. En juin, à Moscou, Kazantzakis et Istrati font la connaissance de Gorki. Kazantzakis modifie la fin "d`Ascèse", y ajoutant le chapitre "Silence". Il écrit des articles pour la "Pravda" à propos des conditions sociales en Grèce, puis commence encore un autre scénario, sur la vie de Lénine cette fois. Voyageant avec Istrati vers Mourmansk, il passe par Léningrad et rencontre Victor Serge. En juillet, la revue de Barbusse, "Le Monde", publie un portrait de Kazantzakis écrit par Istrati. C`est la première fois qu`il est présenté au lectorat européen.

      Fin août, Kazantzakis et Istrati, rejoints par Éléni Samiou et Bilili Baud-Bovy, compagne d`Istrati, entreprennent un grand voyage dans le sud de la Russie , avec pour but d`écrire ensemble une série d`articles intitulée "à la poursuite de l`étoile rouge". Cependant, les deux amis ne cessent de s`éloigner l`un de l`autre. Leurs divergences de vues s`exacerbent encore en décembre, lors de l`« affaire Roussakov », autrement dit avec la persécution dont sont victimes Victor Serge et son beau- frère Roussakov en tant que trotskistes. à Athènes, un éditeur fait paraître en deux volumes les articles de Kazantzakis sur la Russie.
    • 1929. Désormais seul, Kazantzakis poursuit ses voyages à travers toute la Russie. En avril, il part pour Berlin où il donne des conférences sur l`Union soviétique et tente de publier des articles. En mai, il s`installe dans une ferme isolée de Tchécoslovaquie, afin d`écrire, en français, le roman initialement intitulé "Moscou a crié", qu`il rebaptisera ensuite "Toda-Raba". Il achève en outre un roman en français "Kapetan Elia", qui finira par donner naissance, après bien d`autres versions, "à La Liberté ou la Mort". Ce sont là ses premières tentatives pour faire carrière en Europe occidentale. Dans le même temps, il apporte de sérieuses retouches à son "Odyssée" de manière qu`elle reflète sa nouvelle vision de l`Union soviétique.
    • 1930. Pour des raisons alimentaires, il rédige "une histoire en deux volumes de la littérature russe", qui est publiée à Athènes. Les autorités helléniques menacent de le poursuivre en justice pour athéisme, à cause "d`Ascèse". Kazantzakis demeure à l`étranger, d`abord à Paris, puis à Nice, où il traduit en grec des livres français pour enfants, pour le compte d`éditeurs athéniens.
    • 1931. ΈDe retour en Grèce, il s`installe de nouveau à Égine et travaille à la rédaction "d`un dictionnaire franco-grec" (démotique aussi bien que langue savante).

      En juin, il visite à Paris l`Exposition coloniale, qui lui inspire de nouvelles idées pour les scènes africaines de son Odyssée , dont il achève la troisième version dans sa retraite de Tchécoslovaquie.
    • 1932.Kazantzakis et Prévélakis projettent de collaborer à des scénarios pour le cinéma et à des traductions, afin de remédier à leurs problèmes d`argent. Le projet échoue en grande partie. Kazantzakis traduit , entre autres, toute la Divine Comédie de Dante, en terza rima, et en l`espace de 45 jours. Il part pour l`Espagne, avec l`espoir d`y faire carrière. Il commence à traduire de la poésie espagnole pour une anthologie.
    • 1933. Il écrit ses impressions de voyage en Espagne. Il termine une terzina (ou canto) dédiée à son « chef », Le Greco – il y a là le germe de sa future autobiographie, "la Lettre au Greco". Incapable de subvenir financièrement à ses besoins en Espagne, il retourne à Égine, où il récrit son "Odyssée" pour la quatrième fois. Il revoit sa traduction de Dante et compose une série de canti.
    • 1934. Afin de gagner de l`argent, il écrit trois livres scolaires pour la 2ème et la 3ème classe de l`école primaire. Le choix de l`un d`eux par le ministère de l`éducation résout pour un moment ses problèmes financiers.
    • 1935. Après avoir terminé sa cinquième version de l`"Odyssée", il fait voile vers le Japon et la Chine, afin d`écrire de nouveaux textes de voyage. à son retour, il achète un terrain à Égine.
    • 1936. Poursuivant ses tentatives pour faire carrière hors de Grèce, Kazantzakis écrit en français le roman "Le Jardin des rochers", puisant son inspiration dans ses récentes expériences en Extrême-Orient. Il termine en outre une nouvelle version sur le thème du "Kapétan Michalis", qu`il intitule "Mon Père". Pour gagner de l`argent, il traduit la pièce de Pirandello "Questa sera si recita a soggetto (Ce soir on improvise)" pour le Théâtre royal de Grèce; il compose ensuite une pièce dans un style pirandellien, "Othello revient", qui restera inconnue de son vivant. Puis il traduit la première partie du "Faust" de Goethe. En octobre et en novembre, correspondant de presse pour le journal "Kathimérini" il se trouve en Espagne, dans un pays déchiré par la guerre civile, et interviewe Franco et Unamuno. Sa maison d`Égine est achevée. C`est son premier domicile fixe.
    • 1937. Ά Égine, il termine la sixième version de son Odyssée . Son livre sur l`Espagne est publié.

      En septembre, il visite le Péloponnèse. Ses impressions de voyage paraissent sous forme d`articles; plus tard, ils constitueront son "Voyage en Morée".

      Il écrit la tragédie "Mélissa"
      pour le Théâtre royal.
    • 1938. Après la huitième version, définitive celle-ci, de "l`Odyssée" , il supervise l`impression d`une édition de luxe de l`épopée, qui circule fin décembre. Il souffre encore une fois d`eczéma sur le visage, comme à Vienne, en 1922.
    • 1939. Il se projette d'écrire une autre épopée de 33.333 vers qui serait intitulée Akritas. De juillet à novembre, il se trouve en Angleterre, invité par le British Council. Durant son séjour à Stratford-on-Avon, il écrit la tragédie "Julien l`Apostat" .
    • 1940. Il rédige ses impressions de voyage en "Angleterre" continue les ébauches "d`Akritas" et retouche "Mon Père". Pour des raisons alimentaires, il écrit des biographies romancées destinées à de jeunes lecteurs. L`invasion de la Grèce, en octobre, par les troupes de Mussolini le remet en face de son ambivalence quant au nationalisme grec.
    • 1941. Tandis que les Allemands occupent la Grèce continentale, puis la Crète, Kazantzakis noie son chagrin dans le travail. Il termine la première rédaction de son drame "Bouddha", revoit sa traduction de Dante et entreprend un roman initialement intitulé "Le Synaxaire de Zorbas".
    • 1942. Isolé à Égine, pendant toute la durée de la guerre, il se jure d`abandonner l`écriture le plus tôt possible pour se relancer dans la politique. Les Allemands l`autorisent à se rendre pour quelques jours à Athènes, où il rencontre le professeur Yannis Kakridis; ils décident de collaborer à une nouvelle traduction de l`Iliade d`Homère . D`août à octobre, Kazantzakis en a terminé la première version. Il projette ensuite un nouveau roman sur le Christ, qui serait intitulé "Les Mémoires du Christ" : ce sera le ferment de "La Dernière Tentation".
    • 1943. Travaillant d`arrache-pied malgré les privations de l`Occupation allemande, Kazantzakis achève la deuxième rédaction de "Bouddha", et "d`Alexis Zorba", ainsi que la traduction de "l`Iliade".

      Il écrit ensuite une nouvelle version de la trilogie d`Eschyle "Prométhée" .
    • 1944. Au printemps et en été, il écrit les pièces "Capodistria" et "Constantin Paléologue". Avec la trilogie de "Prométhée", ces œuvres couvrent l`histoire de la Grèce, antique, byzantine et moderne.

      Immédiatement après le départ des Allemands, Kazantzakis déménage à Athènes, où il est l`hôte de Téa Anémoyanni. Il est le témoin des Dékemvriana (= événements de Décembre), épisode sanglant de la Guerre civile.
    • 1945. Tenant sa promesse de se relancer dans la politique, il prend la tête d`un petit parti socialiste, dont le but est de rassembler tous les groupuscules de la gauche non communiste. Deux voix lui font défaut pour être élu à l`Académie d`Athènes.

      Le gouvernement l`envoie en mission en Crète afin d`y enquêter sur les atrocités allemandes. En novembre, il épouse sa fidèle compagne Éléni Samiou et prête serment en tant que ministre sans portefeuille dans le gouvernement de coalition de Th. Sofoulis.
    • 1946. Après l`union des partis socio-démocrates, Kazantzakis démissionne de son poste ministériel. Le 25 Mars, date anniversaire de l`Indépendance grecque, a lieu au Théâtre royal la première de sa pièce "Capodistria". La représentation provoque un scandale et un nationaliste de droite menace même de brûler le théâtre. La Société des Auteurs grecs recommande Kazantzakis, ainsi que Sikélianos, pour le Prix Nobel. En juin, il entreprend un séjour à l`étranger, en principe pour quarante jours, mais qui, en fait, va durer jusqu`à la fin de sa vie. En Angleterre, il tente de convaincre des intellectuels britanniques de participer avec lui à la fondation d`une " Internationale de l`Esprit "; ces derniers restent indifférents. Le British Council lui offre une chambre à Cambridge, où il passe l`été à écrire un roman, "L`Ascension", autre prélude à "La Liberté ou la Mort". En septembre, il se rend à Paris, invité par le gouvernement français. La situation politique en Grèce l`oblige à demeurer à l`étranger. Il veille à faire traduire "Alexis Zorba" en français.
    • 1947. L`intellectuel et fonctionnaire d`état suédois Börje Knös traduit "Alexis Zorba". Grâce à de multiples appuis, Kazantzakis est nommé à un poste à l`UNESCO, avec mission de faciliter la traduction de classiques du monde entier, afin qu`ils servent de trait d`union entre les cultures, en particulier entre Orient et Occident. Lui-même traduit sa pièce de théâtre "Julien l`Apostat". Alexis Zorba est publié à Paris.
    • 1948. Il continue à traduire ses pièces de théâtre. En mars, il démissionne de son poste à l`UNESCO afin de se consacrer entièrement à l`écriture. "Julien l`Apostat" est joué à Paris (pour une seule représentation). Kazantzakis et Éléni déménagent à Antibes, où il compose immédiatement "Sodome et Gomorrhe". En Angleterre, aux USA, en Suède et en Tchécoslovaquie, des éditeurs acceptent de publier "Alexis Zorba". Kazantzakis rédige en trois mois la première version du "Christ recrucifié" et passe encore deux mois à la retoucher.
    • 1949. Il commence un nouveau roman, "Les Frères ennemis", inspiré par la Guerre civile qui fait alors rage en Grèce. Suivent deux autres pièces de théâtre, "Kouros" et "Christophe Colomb". L`eczéma réapparaît sur son visage; il va à Vichy suivre une cure thermale. En décembre, il commence "La Liberté ou la Mort".
    • 1950. Ce roman va le tenir occupé jusqu`à la fin juillet. En novembre, il entreprend "La Dernière Tentation". Entre-temps "Alexis Zorba" et "Le Christ recrucifié" sont publiés en Suède.
    • 1951. Il achève la première version de La Dernière Tentation
      , qu`il corrige après avoir retouché "Constantin Paléologue". "Le Christ recrucifié" est publié en Norvège et en Allemagne.
    • 1952. Le succès apporte ses propres problèmes; Kazantzakis consacre de plus en plus de temps à des contacts avec traducteurs et éditeurs de différents pays. De plus, son eczéma le fait souffrir toujours davantage. Avec Éléni, il passe l`été en Italie, où il profite de sa chère ville d`Assise, patrie de saint François. Une grave infection de l`œil le fait hospitaliser en Hollande où, au cours de sa convalescence, il étudie la vie de saint François. Ses romans continuent d`être publiés en Grande-Bretagne , en Suède , en Danemark , en Norvège , en Hollande, en Finlande et en Allemagne , mais pas en Grèce.
    • 1953. Il est soigné à Paris, car il souffre toujours de son infection à l`œil (il finira par perdre la vue de l`œil droit). Les examens révèlent un dysfonctionnement de la lymphe, sans doute responsable de ses problèmes chroniques au visage. De retour à Antibes , il passe un mois avec le professeur Kakridis à parachever leur traduction "de l`Iliade" .

      Il écrit le roman "Le Pauvre d`Assise" . En Grèce, l`église orthodoxe entreprend de poursuivre Kazantzakis pour sacrilège , en raison de certaines pages de La Liberté ou la Mort et de l`intégralité de "La Dernière Tentation
      ", bien que ce dernier livre n`ait pas encore été publié en grec. "Alexis Zorba "est édité à New York .
    • 1954. Le pape inscrit "La Dernière Tentation
      " à l`index. Kazantzakis télégraphie au Vatican la phrase de l`apologiste chrétien Tertullien : « Ad tuum, Domine, tribunal appello » (= C`est à Ton tribunal que je fais appel, ô Seigneur. ») Il dit la même chose à la hiérarchie orthodoxe d`Athènes, et ajoute : « Vous m`avez maudit, saints pères, et moi, je vous donne ma bénédiction. Puisse votre conscience être aussi pure que la mienne et puissiez-vous être aussi moraux et aussi religieux que je le suis moi-même. »

      Durant l`été, Kazantzakis entame une collaboration quotidienne avec Kimon Friar, qui traduit son "Odyssée" en anglais. En décembre, il se trouve en Allemagne, à Mannheim, pour assister à la première de "Sodome et Gomorrhe" ; Après quoi, il est hospitalisé à l`hôpital de Fribourg-en-Brisgau pour y suivre un traitement. Les médecins diagnostiquent une leucémie lymphoïde.

      Ά Athènes , le jeune éditeur Yannis Goudélis entreprend la publication "des Œuvres complètes" de Kazantzakis.
    • 1955. Kazantzakis et Éléni passent un mois dans une maison de repos en Suisse, à Lugano. Là, il commence à écrire son autobiographie spirituelle, la "Lettre au Greco", En août, tous deux rendent visite à Albert Schweitzer à Gunsbach.

      De retour à Antibes, Kazantzakis est consulté par Jules Dassin à propos d`un scénario pour une adaptation cinématographique du "Christ recrucifié".

      La traduction de "l`Iliade" établie par Kazantzakis et Kakridis sort en Grèce à leurs propres frais, car aucun éditeur n`en a voulu. Une deuxième édition, revue et corrigée, de "l`Odyssée" est en chantier à Athènes, sous la direction d`E. Kasdaglis, lequel se prépare en outre à faire paraître le premier volume du "Théâtre complet" de Kazantzakis.

      "La Dernière Tentation
      " paraît enfin en Grèce, après l`intervention auprès du gouvernement d`un « personnage royal », en faveur de Kazantzakis.
    • 1956. En juin, Kazantzakis reçoit à Vienne le Prix de la Paix . Au dernier moment, le Nobel lui échappe, qui est attribué à Juan Ramón Jiménez.

      Jules Dassin achève la version cinématographique du "Christ recrucifié"  , qu`il intitule "Celui qui doit mourir".

      L`édition des "Œuvres complètes"progresse; elle comprend désormais deux autres volumes de pièces de théâtre, plusieurs tomes de textes de voyages, "Toda Raba", traduit du français au grec, et Le Pauvre d`Assise.
    • 1957. Kazantzakis poursuit sa collaboration avec Kimon Friar . Une longue interview avec Pierre Sipriot est retransmise en six épisodes par la radio parisienne.

      Kazantzakis assiste à la projection de "Celui qui doit mourir" au Festival de Cannes. La maison d`édition parisienne Plon accepte de publier les "Œuvres complètes" de Kazantzakis en français .

      Kazantzakis et Éléni partent pour la Chine, invités par le gouvernement chinois . Pour revenir en avion par le Japon, il est obligé de se faire vacciner à Canton. Tandis qu`ils survolent le Pôle Nord, le vaccin provoque un œdème et la gangrène s`empare du bras de Kazantzakis. Il est hospitalisé à l`hôpital de Fribourg-en-Brisgau où l`on avait initialement diagnostiqué sa leucémie. La crise passe.

      Albert Schweitzer vient le féliciter, mais une épidémie de grippe asiatique a vite raison de lui, dans l`état de faiblesse où il se trouve.

      Il meurt le 26 octobre, à l`âge de 74 ans, Sa dépouille est acheminée à Athènes. L`église de Grèce refuse qu`on l`expose et que le public vienne se recueillir devant elle. Le corps est alors transporté en Crète, où il est exposé dans la cathédrale d`Héraklion. Une foule considérable suit le cercueil jusqu`à l`enterrement sur les remparts vénitiens .

      Plus tard sera gravée sur la tombe l`épitaphe que Kazantzakis avait lui-même choisie:

      "Den elpizô tipota. Den fovoumai tipota. Imai élefthéros" (Je n`espère rien. Je ne crains rien. Je suis libre.)


    * Cette chronologie se fonde en grande partie sur les résumés biographiques insérés par Pantélis Prévélakis dans son livre "Quatre-cents Lettres de Kazantzakis à Prévélakis", éd. Éléni N. Kazantzaki, Athènes,1965.)
    ** Le 18 février, selon l`ancien calendrier, le 3 mars, d`après le nouveau Τraduction française : Monique Kamari
    (c) Princeton University Press

Le père de Nikos Kazantzakis, modèle du kapétan Michalis,
héros de "La Liberté ou la Mort"

1883. Kazantzakis naît le 18 février, selon l`ancien calendrier, ou le 3 mars, d`après le nouveau, dans l`île de Crète encore territoire de l`Empire ottoman.

Négociant en vins et produits agricoles, son père , ichalis, est originaire du village de Varvari, où se trouve aujourd`hui le Musée Kazantzakis. Beaucoup plus tard, il va devenir l`un des modèles du capitaine Michalis, héros du roman La Liberté ou la Mort.

1912. Il fait connaître la philosophie de Bergson aux intellectuels grecs, lors d`une longue conférence donnée aux membres de l`Association éducative et publiée ensuite dans le bulletin de l`Association.

Lorsqu`éclate la Première Guerre Balkanique, il s`engage dans l`armée comme volontaire et il est nommé au Cabinet du premier ministre élefthérios Vénizélos.

1915. Toujours en compagnie de Sikélianos, il voyage à travers la Grèce. Dans son Journal, il écrit : « Mes trois grands maîtres : Homère, Dante, Bergson ». Il effectue une retraite dans un monastère et achève un livre, dont aucune trace ne nous est parvenue, et qui avait sans doute pour sujet le mont Athos. Dans son Journal, il note : « Toute mon œuvre aura pour devise** et pour but : Como l`uom s`etterna » (ou : comment l`homme se rend éternel, citation de l`Enfer de Dante, XV. 85).

Selon toute probabilité, il rédige alors la première version des pièces Le Christ, Ulysse et Nicéphore Phocas . En octobre, afin de signer un contrat pour récolter du bois de construction au mont Athos, il se rend à Salonique, où il assiste au débarquement des troupes britanniques et françaises venues se battre sur le front d`Orient, durant la Première Guerre mondiale.

Au cours de ce même mois, il lit Tolstoï, décide que la religion a plus d`importance que la littérature et jure de commencer "là où Tolstoï s`est arrêté".

À Athènes, avec sa première femme, Galatia

Yorghis Zorbas, qui servira de modèle à Alexis Zorba

Avec le poète Anghélos Sikélianos

« Nous sommes devenus aussitôt, sur le champ, amis. Nous étions si différents d'un de l'autre que nous avons deviné tout de suite que l'un avait besoin de l'autre et qu'à nous deux nous réaliserions un homme complet.
Moi, âpre, avare de paroles, dans ma dure écorce populaire, plein de questions, d'angoisses métaphysiques, le brillant de la façade ne me trompait jamais, je devinais le crâne derrière le beau visage ; sans aucune ingénuité, sans aucune assurance, je n'étais pas né prince, je m'efforçais de la devenir.
Lui, enjoué, grandiose, sûr de lui, avait un corps racé, la conviction simpliste et fortifiante d'être immortel ;
il était sûr d'être né prince et n'avait pas besoin de désirer le sommet, puisqu'il se trouvait déjà, il en était sûr, au sommet. Il était sûr d'être unique et irremplaçable, il n'acceptait d'être comparé à aucun autre grand créateur, mort ou vivant ;
et cette ingénuité lui donnait de l'assurance et une grande force.

[...]

Plus tard, quand je l'ai mieux connu, je lui ai dit un jour :

-La grande différence qui existe entre nous, Anghélos, c'est celle-ci : toi, tu crois que tu as trouvé la délivrance, et par là-même tu es délivré ;
moi, je crois qu'il n'y a pas de délivrance et, en le croyant, je suis délivré. »

Nikos Kazantzakis, Lettre au Greco
Paris, Presses Pocket, 1991, p.190-191. Traduction française de Michel Saunier.

1922. L`avance sur un contrat passé avec un éditeur athénien pour une série de livres scolaires lui permet de quitter de nouveau la Grèce. Il séjourne à Vienne du 19 mai jusqu`à la fin août. Il souffre alors d`un eczéma au visage, que le docteur Wilhelm Stekel, dissident de l`École freudienne, appelle la "maladie des saints". Dans le climat décadent de la Vienne de l`après-guerre, il étudie les écritures bouddhistes et commence à écrire une pièce de théâtre sur la vie de Bouddha. Il étudie également Freud et esquisse le plan d`Ascèse. En septembre, il se trouve à Berlin, où il apprend la défaite écrasante infligée aux Grecs par les Turcs, ladite "Catastrophe d`Asie mineure".

Abandonnant ses anciennes convictions nationalistes, il se lie avec des révolutionnaires communistes . Il est influencé en particulier par Rahel Lipstein-Minc , et son cercle de jeunes femmes radicales. Il déchire son manuscrit de Bouddha à demi terminé, et le recommence sous une forme nouvelle. Il se met aussi à écrire Ascèse , qui constitue sa tentative pour concilier l`activisme du communisme avec la résignation du Bouddhisme. Rêvant de s`installer en Union soviétique , il prend des cours de russe.

1922. Rahel Lipstein-Minc

Dédicace manuscrite de Nikos Kazantzakis à l' « éternelle Rahel »

Dédicace manuscrite de Nikos Kazantzakis à l' « éternelle Rahel »

La couverture des Psaumes, Paris 1948



Dédicace manuscrite à Kazantzakis

1928. Le 11 janvier, Kazantzakis et Istrati s`adressent à la foule réunie au théâtre Alhambra, et font l`éloge de l`expérience soviétique. Ce qui aboutit à une manifestation de rues. Kazantzakis et Glinos, organisateurs de la réunion, sont menacés de poursuites judiciaires et à Istrati, d`expulsion.

Le mois d`avril voit Kazantzakis et Istrati de retour en Russie , à Kiev, où Kazantzakis écrit le scénario d`un film sur la Révolution russe. En juin, à Moscou, Kazantzakis et Istrati font la connaissance de Gorki. Kazantzakis modifie la fin d`Ascèse, y ajoutant le chapitre "Silence". Il écrit des articles pour la Pravda à propos des conditions sociales en Grèce, puis commence encore un autre scénario, sur la vie de Lénine cette fois. Voyageant avec Istrati vers Mourmansk, il passe par Léningrad et rencontre Victor Serge. En juillet, la revue de Barbusse Le Monde publie un portrait de Kazantzakis écrit par Istrati. C`est la première fois qu`il est présenté au lectorat européen.

Fin août, Kazantzakis et Istrati, rejoints par Éléni Samiou et Bilili Baud-Bovy, compagne d`Istrati, entreprennent un grand voyage dans le sud de la Russie avec pour but d`écrire ensemble une série d`articles intitulée à la poursuite de l`étoile rouge. Cependant, les deux amis ne cessent de s`éloigner l`un de l`autre. Leurs divergences de vues s`exacerbent encore en décembre, lors de l`« affaire Roussakov », autrement dit avec la persécution dont sont victimes Victor Serge et son beau- frère Roussakov en tant que trotskistes. à Athènes, un éditeur fait paraître en deux volumes les articles de Kazantzakis sur la Russie.

1931. ΈDe retour en Grèce, il s`installe de nouveau à Égine et travaille à la rédaction d`un dictionnaire franco-grec (démotique aussi bien que langue savante).

En juin, il visite à Paris l`Exposition coloniale, qui lui inspire de nouvelles idées pour les scènes africaines de son Odyssée , dont il achève la troisième version dans sa retraite de Tchécoslovaquie.

1937. Ά Égine, il termine la sixième version de son Odyssée . Son livre sur l`Espagne est publié.

En septembre, il visite le Péloponnèse. Ses impressions de voyage paraissent sous forme d`articles; plus tard, ils constitueront son Voyage en Morée.

Il écrit la tragédie Mélissa pour le Théâtre royal.

1943. Travaillant d`arrache-pied malgré les privations de l`Occupation allemande, Kazantzakis achève la deuxième rédaction de Bouddha, et d`Alexis Zorba ainsi que la traduction de l`Iliade.

Il écrit ensuite une nouvelle version de la trilogie d`Eschyle Prométhée .

1944. Au printemps et en été, il écrit les pièces Capodistria et Constantin Paléologue. Avec la trilogie de Prométhée, ces œuvres couvrent l`histoire de la Grèce, antique, byzantine et moderne.

Immédiatement après le départ des Allemands, Kazantzakis déménage à Athènes, où il est l`hôte de Téa Anémoyanni. Il est le témoin des Dékemvriana (= événements de Décembre), épisode sanglant de la Guerre civile.

1945. Tenant sa promesse de se relancer dans la politique, il prend la tête d`un petit parti socialiste, dont le but est de rassembler tous les groupuscules de la gauche non communiste. Deux voix lui font défaut pour être élu à l`Académie d`Athènes.

Le gouvernement l`envoie en mission en Crète afin d`y enquêter sur les atrocités allemandes. En novembre, il épouse sa fidèle compagne Éléni Samiou et prête serment en tant que ministre sans portefeuille dans le gouvernement de coalition de Th. Sofoulis.

1947. L`intellectuel et fonctionnaire d`état suédois Börje Knös traduit Alexis Zorba.

Grâce à de multiples appuis, Kazantzakis est nommé à un poste à l`UNESCO, avec mission de faciliter la traduction de classiques du monde entier, afin qu`ils servent de trait d`union entre les cultures, en particulier entre Orient et Occident.

Lui-même traduit sa pièce de théâtre Julien l`Apostat.

Alexis Zorba est publié à Paris

1953. Il est soigné à Paris, car il souffre toujours de son infection à l`œil (il finira par perdre la vue de l`œil droit). Les examens révèlent un dysfonctionnement de la lymphe, sans doute responsable de ses problèmes chroniques au visage. De retour à Antibes , il passe un mois avec le professeur Kakridis à parachever leur traduction de l`Iliade .

Il écrit le roman Le Pauvre d`Assise . En Grèce, l`église orthodoxe entreprend de poursuivre Kazantzakis pour sacrilège en raison de certaines pages de La Liberté ou la Mort et de l`intégralité de La Dernière Tentation , bien que ce dernier livre n`ait pas encore été publié en grec. Alexis Zorbaest édité à New York.

1954. Le pape inscrit La Dernière Tentation à l`index. Kazantzakis télégraphie au Vatican la phrase de l`apologiste chrétien Tertullien : « Ad tuum, Domine, tribunal appello » (= C`est à Ton tribunal que je fais appel, ô Seigneur. ») Il dit la même chose à la hiérarchie orthodoxe d`Athènes, et ajoute : « Vous m`avez maudit, saints pères, et moi, je vous donne ma bénédiction. Puisse votre conscience être aussi pure que la mienne et puissiez-vous être aussi moraux et aussi religieux que je le suis moi-même. »

Durant l`été, Kazantzakis entame une collaboration quotidienne avec Kimon Friar, qui traduit son Odyssée en anglais. En décembre, il se trouve en Allemagne, à Mannheim, pour assister à la première de Sodome et Gomorrhe ; Après quoi, il est hospitalisé à l`hôpital de Fribourg-en-Brisgau pour y suivre un traitement. Les médecins diagnostiquent une leucémie lymphoïde.

Ά Athènes , le jeune éditeur Yannis Goudélis entreprend la publication des Œuvres complètes de Kazantzakis. .

1955. Kazantzakis et Éléni passent un mois dans une maison de repos en Suisse, à Lugano. Là, il commence à écrire son autobiographie spirituelle, la Lettre au Greco. En août, tous deux rendent visite à Albert Schweitzer à Gunsbach.

De retour à Antibes, Kazantzakis est consulté par Jules Dassin à propos d`un scénario pour une adaptation cinématographique du O Christ recrucifié.

La traduction de l`Iliade établie par Kazantzakis et Kakridis sort en Grèce à leurs propres frais, car aucun éditeur n`en a voulu. Une deuxième édition, revue et corrigée, de l`Odyssée est en chantier à Athènes, sous la direction d`E. Kasdaglis, lequel se prépare en outre à faire paraître le premier volume du Théâtre complet de Kazantzakis.

La Dernière Tentation paraît enfin en Grèce, après l`intervention auprès du gouvernement d`un « personnage royal », en faveur de Kazantzakis.

Avec Albert Schweitzer et Éléni, en Allemagne

1956. En juin, Kazantzakis reçoit à Vienne le Prix de la Paix . Au dernier moment, le Nobel lui échappe, qui est attribué à Juan Ramón Jiménez.

Jules Dassin achève la version cinématographique du Christ recrucifié , qu`il intitule Celui qui doit mourir.

L`édition des Œuvrescomplètesprogresse; elle comprend désormais deux autres volumes de pièces de théâtre, plusieurs tomes de textes de voyages, Toda-Raba traduit du français au grec, et Le Pauvre d`Assise.

A Vienne, en 1956, lors de la cérémonie d'attribution du Prix de la Paix.

Autre vue de son bureau, à Antibes.

1957. Kazantzakis poursuit sa collaboration avec Kimon Friar . Une longue interview avec Pierre Sipriot est retransmise en six épisodes par la radio parisienne.

Kazantzakis assiste à la projection de Celui qui doit mourir au Festival de Cannes. La maison d`édition parisienne Plon accepte de publier les Œuvres complètes de Kazantzakis en français .

Kazantzakis et Éléni partent pour la Chine, invités par le gouvernement chinois . Pour revenir en avion par le Japon, il est obligé de se faire vacciner à Canton. Tandis qu`ils survolent le Pôle Nord, le vaccin provoque un œdème et la gangrène s`empare du bras de Kazantzakis. Il est hospitalisé à l`hôpital de Fribourg-en-Brisgau où l`on avait initialement diagnostiqué sa leucémie. La crise passe.

Albert Schweitzer vient le féliciter, mais une épidémie de grippe asiatique a vite raison de lui, dans l`état de faiblesse où il se trouve.

Il meurt le 26 octobre, à l`âge de 74 ans, Sa dépouille est acheminée à Athènes. L`église de Grèce refuse qu`on l`expose et que le public vienne se recueillir devant elle. Le corps est alors transporté en Crète, où il est exposé dans la cathédrale d`Héraklion. Une foule considérable suit le cercueil jusqu`à l`enterrement sur les remparts vénitiens .

Plus tard sera gravée sur la tombe l`épitaphe que Kazantzakis avait lui-même choisie:

"Den elpizô tipota. Den fovoumai tipota. Imai élefthéros" (Je n`espère rien. Je ne crains rien. Je suis libre.)

Ά Antibes, avec Kimon Friar

Ά Cannes, avec Mélina Mercouri et Jules Dassin, pour la projection du film de ce dernier,
"Celui qui doit mourir", adapté du "Christ recrucifié"

Dédicaçant l`édition française du Pauvre d`"Assise"

Funérailles de Nikos Kazantzakis à Héraklion

est aux aguets

Funérailles de Nikos Kazantzakis à Héraklion

guette l'Antéchrist?

HESTIA (22/1/54) : Un livre diffame la Crète et la religion

SPITHA (novembre 1957)

TA NéA (11/2/56) : Aucun officiel grec n'était présent...

DRASSI : Avec des frissons d`émotion...

Alexis Zorba en grec.
Difros, Athènes 1955

"Le Christ recrucifié" en grec.
Difros, Athènes 1955

La Liberté ou la Mort (2ème éd.)
Difros, Athènes 1955

L'Odyssée en anglais
Simon and Schuster, New York, 1958

Alexis Zorba en français
Éditions du Cerf, Paris 1947